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Dans le cadre de mon mémoire portant sur les imaginaires des créatifs et la manière de les interroger, questionner, j'ai exploré diverses méthodes pour agir sur ces derniers de manière significative. Je me suis interrogé sur les moments les plus opportuns pour intervenir dans le processus de création. En me basant sur la méthode du double diamant, un standard du processus de création notamment en design, j’ai identifié des points de manques et de possibilité d'intervention. Cette analyse m'a conduit à m'intéresser au temps de l'enquête, de l'observation, de l'étude de terrain, en sélectionnant précisément cette phase, il est possible d'agir de manière très efficace. En effet, il est important de se placer en amont, car si la vision ou la compréhension initiale est biaisée, toute la méthodologie, aussi pertinente soit-elle, mènera à une finalité totalement hors-propos. Une mauvaise perception dès le départ conduit inévitablement à des résultats peu satisfaisants à la fin du processus créatif.

Après avoir identifié un champ d’action précis, j’ai intégré un autre aspect essentiel de ma recherche qu’est le besoin de reconnexion avec la temporalité de la biosphère. En effet, la perte d'expérience de nature due à un environnement et un cadre de vie urbain et de plus en plus artificiel, amène, chez les créatif, a une grande déconnexion avec la nature et notamment avec la question de temporalité et de cycles naturels.

Depuis quelques années, on note une inversion notable de notion du temps biologique dans le milieu scientifique. Contrairement à la perception courante, la nature évolue plus rapidement que nos sociétés. Elle change à un rythme effréné, ce qui remet en question l'idée qu'elle serait lente et immuable. Cette prise de conscience est urgente dans le monde des créatifs et peut passer par une reconnexion aux différents cycles naturels. Nous sommes de plus en plus déconnectés de ces cycles en raison de nos modes de vie, de nos habitudes alimentaires, ou de notre sur-connexion informatique. Nos imaginaires sont façonnés par cette déconnexion, ce qui renforce la nécessité de réintégrer ces cycles dans notre compréhension du monde.

Afin de cadrer cette recherche de reconnexion aux cycles chez les créatifs, j’ai identifié plusieurs cycles naturels fondamentaux. Le cycle de croissance, par exemple, régit le développement des espèces, le cycle de mutation illustre les transformations au sein des écosystèmes, montrant comment les espèces évoluent et s'adaptent. Le cycle de migration, quant à lui, met en évidence les déplacements saisonniers des individus. Enfin, le cycle biologique englobe les processus vitaux, tels que la reproduction et le vieillissement, qui sont essentiels à la survie des espèces.

Deux éléments émergent de cette phase de réflexion : d'une part, le besoin crucial de se reconnecter à la temporalité et aux cycles naturels, et d'autre part, l'importance de cibler le moment de l'enquête chez les créatifs.

Le cahier des charge se constitue donc de plusieurs éléments : 

• Imaginer un outil pour les créatifs

• Représenter plastiquement un temps et un lieu (dans le cadre d’une enquête de terrain)

• Visualiser des données sur les cycles naturels

• Utiliser les outils des créatifs 

• Montrer différents cycles et les interconnexions entre eux

En effet, il est important de s'approprier les outils des créatifs et de s'inscrire dans l'univers des fablabs, des workshop ou des designers avec, par exemple, l'utilisation de technologies comme la découpe laser qui permet de créer des modèles libres, modifiables simplement et reproductibles. De plus, ces outils standards facilitent la manipulation, la disponibilité, l'intégration et la collaboration dans des phases d'enquêtes de terrains qui peuvent mêler des profils très variés. 

En mettant en lumière les cycles, les interconnexions et en encourageant une approche systémique, nous pouvons sensibiliser les participants à l'importance et à la diversité de ces différents cycles et ainsi agir sur leurs imaginaires.

En effet, en projetant des données ou des observations à l'aide d’un outil, les acteurs peuvent mieux comprendre et valoriser les cycles naturels et les interconnexions au sein d'un environnement. Pour aller plus loin, l'utilisation d'outils de débat permet une collaboration inclusive et dynamique. Ainsi, cette approche n'est pas limitée aux spécialistes, mais est accessible à tout, favorisant une participation collective et une sensibilisation accrue aux enjeux environnementaux.

Avec ce dispositif, j’essaye de montrer que le fait de comprendre les cycles naturels et les interconnexions entre les espèces est crucial pour minimiser l'impact de tout projet sur un territoire. Si l'on souhaite éviter des conséquences négatives, il est essentiel de se pencher sur les liens existant et sur les futurs potentiels de l'écosystème. Chaque intervention, comme couper un arbre ou perturber une espèce, peut éliminer un futur possible et affecter l'équilibre général. En abordant les projets avec cette perspective, on peut expérimenter et créer de manière responsable. Cela permet de tester des idées et des innovations en prenant en compte une vue d'ensemble, sans se concentrer uniquement sur une espèce ou un élément. Ainsi, on assure une dynamique responsable et naturelle du territoire.

D’abord d’un point de vue technique, j’aurais pu me baser sur une temporalité plus longue, par exemple en utilisant des formats plus proches des frises ou des tableaux pour visualiser les cycles et les interactions dans des temporalités différentes comme le passé ou le futur.

Aussi, bien que limité par les outils disponibles, on pourrait envisager de pousser plus loin l’utilisation et le détournement des outils de bureaux.

Enfin, utiliser davantage l'espace en 3 dimensions pour intégrer des informations serait une piste prometteuse à explorer plus en profondeur.

J’ai pu également voir comment la représentation du temps et la compréhension des cycles du vivant sont des défis de taille, car les données pertinentes sont souvent difficiles à trouver. Il y a un besoin urgent de documentation pour rendre ces informations plus accessibles. En cela, le design a un rôle crucial à jouer dans la réintégration des cycles naturels dans les processus créatifs et nos modes de vie. Bien que la biosphère change plus rapidement que le design, il est essentiel de s'adapter et de se reconnecter notamment, aux cycles du vivant.