Les ultraviolets sont des rayonnements électromagnétiques invisibles à l'œil humain, émis principalement par le soleil et situés entre la lumière visible et les rayons X dans le spectre électromagnétique. Ils jouent un rôle bénéfique dans plusieurs domaines, comme la synthèse de la vitamine D chez les êtres humains et d'autres espèces, ainsi que dans des applications industrielles. Cependant, ils représentent un risque pour la peau des vivants et peuvent également affecter les matériaux environnants. La photodégradation est un exemple de détérioration moléculaire due aux UV, pouvant rompre les liaisons chimiques des polymères et altérer leurs propriétés physiques et chimiques. Ainsi, une réflexion s'est ouverte sur la possibilité que les matériaux puissent inverser la tendance non pas pour être usés par les UV, mais pour user des UV afin d’en tirer profit.
Afin d’interagir avec ce rayonnement invisible, le concept de “peau compagne” a été développé. Il s'agit d'un revêtement qui s'associe à un support pour interagir avec les UV. Cet élément agirait comme un outil révélateur tout en protégeant son support de la dégradation due aux UV.
Il est pertinent de réfléchir à un dialogue avec les rayons ultraviolets. Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement et des échanges avec divers experts, il a été établi que le Soleil ne devrait probablement pas émettre des quantités plus importantes d’UV à l’avenir. Néanmoins, de nombreux facteurs influencent le taux d’ultraviolets reçus, tels que la couverture nuageuse ou l’épaisseur de la couche d’ozone. Envisager des interactions avec les UVA et UVB est donc pertinent, en tenant compte de leur potentiel variable dans le futur. Ces rayonnements constituent une ressource principalement naturelle et disponible, offrant un potentiel d'exploration intéressant dans le domaine du design.
Pour mener cette recherche, j’ai adopté une démarche de design spéculatif qui s’est articulée sur deux axes principaux : le dialogue peau-objet et le dialogue peau-UV. J’ai gardé ma vision de la peau inscrite dans mon mémoire, définie comme un revêtement qui s’associe à un support pour interagir avec les UV.
À travers des expérimentations matérielles, j'ai exploré divers types de peaux et techniques pour améliorer leur souplesse et leur adaptation à un support. J’ai ensuite formulé des hypothèses sur les capacités que ces peaux pourraient avoir en dialoguant avec les ultraviolets. Des tests sous forme de scénarios simplifiés ont permis d’expérimenter ces interactions avec différentes peaux. Ensuite, la catégorie des peaux pliées a particulièrement retenu mon attention en raison de ses caractéristiques pertinentes dans le dialogue peau-UV. Leurs spécificités ont été mises en avant à travers des représentations volumiques et des essais in situ. Pour enrichir ma recherche, j'ai également envisagé divers cas d'application par photomontage, explorant ainsi le potentiel des UV et encourageant leur utilisation.
Mon premier point de réflexion porte sur la représentation de la peau compagne. En collectant des échantillons de matières, j’ai évalué la souplesse des peaux en les testant sur un objet. Ces expérimentations visaient à observer leur capacité d'adaptation, révélant ainsi des propriétés de tension distinctes.
Pour approfondir cette exploration, j'ai également expérimenté divers procédés de mise en forme tels que la découpe et le pliage. La découpe, par exemple, permet à la peau de s’étendre pour couvrir une plus grande surface du support, mais impose des limitations en termes d'adaptation en raison de son déploiement sur un seul axe. En revanche, les peaux pliées ont démontré un potentiel d'adaptation supérieur. Elles offrent une meilleure flexibilité à partir de matériaux initialement rigides et permettent un étirement optimal pour maximiser les surfaces d’échange dans le dialogue avec les ultraviolets.
La seconde phase a consisté à formuler des scénarios hypothétiques pour explorer des potentiels futurs dialogues entre la peau et les UV. Dans ce dialogue, la peau pourrait devenir un outil destiné à diverses fonctions. Les possibilités sont multiples : dépollueur d’air, évaluateur de capital soleil, diffuseur de fragrances, générateur de motifs…
Pour réaliser ces scénarios, j'ai utilisé divers types de peaux, en ne mettant pas initialement l'accent sur les peaux pliées, afin d'explorer d'autres options et de tester simultanément l'interaction peau-objet. L'objectif principal était de visualiser facilement les scénarios envisagés.
L’utilisateur enveloppe temporairement son objet d’une peau puis l’expose aux UV pour obtenir des informations invisibles à l'œil nu, telles que le lieu de fabrication, le poids, l'entretien… Ce processus utilise un outil invisible (les UV) pour révéler des caractéristiques invisibles de l'objet. Cette approche engendre une dimension empathique envers nos objets, car elle encourage une attention accrue. La peau devient ainsi un outil ludique, voire presque magique, grâce à son interaction avec les UV.
Le capital soleil désigne la quantité totale de soleil que la peau d’un individu peut tolérer avant de subir des dommages permanents. Cependant, on accorde moins d'attention au capital soleil des objets environnants. Notre peau compagne pourrait jouer un rôle crucial en évaluant ce capital soleil pour ces objets, permettant ainsi de diagnostiquer les zones ayant reçu plus ou moins d’UV sur leur surface.
Cette approche souligne davantage la temporalité. La peau compagne serait appliquée sur un support, exposée aux UV, puis retirée, laissant une empreinte temporaire dans son interaction continue avec les ultraviolets. Les peaux pliées se révèlent particulièrement prometteuses dans ce contexte car elles contiennent des motifs. Grâce aux UV, la peau pourrait servir de méthode d'impression pour créer des motifs décoratifs ou de la signalétique par exemple.
Ce scénario confère à la peau des capacités de stockage similaires à celles d'un objet phosphorescent absorbant et réémettant la lumière visible. Utiliser les UV présente des avantages supplémentaires car cela pourrait prolonger sa durée de stockage et augmenter sa luminosité dans l'obscurité, améliorant ainsi la visibilité nocturne et les applications de sécurité.
Pour cette dernière hypothèse, la peau devient compagne d'un être vivant. Une peau contenant une substance photochromique a été utilisée pour illustrer cette idée. Cette substance met en valeur l'interaction avec les UV en changeant progressivement de couleur sous l'exposition lumineuse (UV). On pourrait imaginer que, lorsque la peau se colore, cela signale à l'utilisateur que des agents médicaux bénéfiques sont en train d'être distribués dans son corps.
La catégorie des peaux pliées a un potentiel intéressant pour interagir avec les UV. Les facettes formées grâce au motif permettent de maximiser les surfaces d’échanges et de potentiellement diriger les ultraviolets sur des endroits spécifiques du support sur lequel la peau est associée. Des représentations volumiques et des essais in situ ont permis de montrer visuellement l'impact des plis et les jeux d'ombres sur l'exposition aux UV.
Enfin, pour enrichir ma recherche et développer des imaginaires, j'ai envisagé divers cas d'application par photomontage pour étudier les possibilités d'utilisation de la peau compagne dans différents secteurs. Ces investigations montrent également que la peau pourrait figer sa forme en réaction aux ultraviolets, s'adaptant ainsi à son support.
Introduire le concept de peau compagne interagissant avec les UV pourrait susciter la réflexion dans divers secteurs, notamment les laboratoires spécialisés en ultraviolets et en matériaux. Ce projet ouvre également de nouvelles perspectives en design, encourageant l'utilisation d'une ressource naturelle disponible.