Réduire l’impact écologique du designer graphique par le traitement des images.
La numérisation globale de la société actuelle et les avancées technologiques ont contribué à une accélération significative du rythme de vie. Les innovations ont offert aux consommateurs un accès continu et ultra rapide à tous leurs désirs et besoins, cette accélération technique a alors remodelé le monde vers une société de l’instantané, de l’urgence et de l’immédiat au quotidien tout en rendant chaque individu dépendant à ces nouveaux usages de la technologie et à leurs résultats immédiats.
Dans la première partie de ce projet, j’ai donc choisi d’explorer la persistance du papier et du design graphique imprimé au sein de cette société numérique. Cette phase de recherche théorique m’a permis de conscientiser les impacts environnementaux de l’industrie du papier, mettant également en avant la responsabilité du designer dans la modération de sa consommation de ressources.
J’ai alors décidé d’explorer la manière dont le détournement d’outils déjà existants et utilisés par les designers peut permettre une économie de ressources dans la conception de design graphique imprimé. Cette approche cherche à repenser la manière dont nous réfléchissons, produisons et interagissons avec le design graphique imprimé dès sa conception, tout en contribuant à des pratiques plus respectueuses de l'environnement.
1. Réinvestir le traitement d’images
Au cours de ce projet de recherche, j’ai choisi de m’inspirer des principes du hacking afin de me réapproprier et de détourner des technologies ou principes graphiques existants pour atteindre des objectifs de durabilité et d’économie de ressources. J'ai alors décidé d’axer ma recherche sur le traitement d'image et d'explorer comment celui-ci peut influencer la consommation d'encre lors de l'impression.
L’objectif de ce projet était de réfléchir à la conception d’un outil Open Source qui permettrait au designer de visualiser l’impact écologique de ses choix graphiques directement au sein du logiciel Photoshop. Pour cela, j’ai choisi de concentrer mes recherches sur un traitement d’images précis: l’application de trames graphiques.
En effet, l’utilisation de trames est déjà utilisée à des fins d’économie de ressources tel que sur le site web de Low-Tech Magazine https://solar.lowtechmagazine.com/fr/ ou encore dans une esthétique subversive de basse qualité comme dans les affiches punk.
Ce traitement graphique utilise des motifs de points ou lignes de différentes tailles et densités pour créer l'illusion de gradations tonales. Il permet alors la réduction des larges aplats ou de dégradés de couleurs qui alourdissent les fichiers numériques et consomment une grande quantité d’encre à l’impression.
Pour mener à bien cette recherche, j'ai d'abord réalisé une série d'expérimentations dans le but de comparer plusieurs densités et épaisseurs de trames afin d'observer les limites de lisibilité des images obtenues. L'objectif était de déterminer les configurations de trames qui offraient un bon équilibre entre la réduction de la consommation d'encre et la qualité visuelle acceptable des images. J'ai constaté que certaines trames à densité plus faible permettaient de conserver une lisibilité suffisante tout en réduisant considérablement l'utilisation d'encre. Cependant, la nécessité de choisir une trame adaptée au contexte d'utilisation de l'image est devenue évidente, car certaines images, notamment dans des contextes de communication nécessitent des trames plus denses pour maintenir leur lisibilité.
2. Engager la responsabilité du designer
Afin de rendre ces observations accessibles et utilisables, j'ai décidé de mettre en place un outil qui serait directement intégré dans le logiciel Photoshop. Celui-ci permettrait aux designers de gérer le niveau de tramage de leurs images tout en fournissant des informations en temps réel sur l'économie d'encre réalisée grâce au tramage choisi. Ainsi, en ajustant les paramètres de tramage, les utilisateurs pourraient instantanément voir l'impact de leur pratique sur la consommation d'encre, facilitant une prise de décision éclairée quant à l'optimisation des coûts d'impression et la durabilité de leurs projets.
Cette transparence vise à inciter à des pratiques plus durables et éco-responsables en fournissant des données tangibles sur l'impact environnemental des choix de conception.
3. Décroissance visuelle
Enfin, j'ai décidé de pousser ma recherche vers une démarche activiste, en détournant des affiches, magazines et autres supports de communication présents dans l’environnement urbain de manière plus extrême. Ce détournement visait à proposer des alternatives éco-responsables en appliquant des trames monochromes sur des zones et éléments clés de visuels existants. Par une analyse et une suppression des éléments décoratifs ou obsolètes, j’ai cherché à réduire considérablement la consommation d’encre tout en conservant le message principal des visuels.
Cette démarche s'inscrit dans une valorisation de la décroissance visuelle, questionnant la signification d'une image en fonction de son contexte d'utilisation et permettant une forme de réappropriation de la basse définition comme un choix esthétique et écologique.
En offrant une version simplifiée des visuels, c’est le rapport à la compréhension et à la surconsommation visuelle que j’ai cherché à questionner tout en montrant la possibilité de solutions graphiques plus durables, mettant en valeur une pratique de design plus consciente et responsable.
Afin de faire évoluer ce projet, le développement des maquettes du plugin Photoshop est primordiale. Une publication Open Source ainsi que de la communication au sujet de cet outil pourrait également être envisagée. Si le designer ne peut pas à lui seul résoudre les problématiques environnementales actuelles, ce projet a démontré qu'il pouvait cependant avoir un rôle d'intermédiaire et de sensibilisation tant auprès de ses clients qu'avec d'autres designers.